Entrée en matière - 31.01.10
Aujourd’hui,
j’ai mangé deux boules de glace. J’ai bu un soda. Je me sens mal. J’ai mal au
dos. Je prends des tonnes de pilules pour supporter cette douleur.
J’ai 25 ans
et 117 kilos.
Je
culpabilise à chaque bouchée de « crasse » sans pour autant arriver à
m’en passer.
Pourquoi
cette chronique ?
Je ne sais
pas trop au juste. Je ne suis pas du genre à parler de moi et à écrire un
journal intime pseudo-anonyme sur un blog internet où tous mes amis connaissent
mon pseudo.
En même
temps, ce n’est pas comme si les gens qui me connaissent ignoraient que je suis
ronde. Et ce n’est pas comme s’ils ne savaient pas que malgré le fait que j’assume
mes « rondeurs », j’ai du mal à réguler mon poids et que cela me pèse
(au sens propre comme au figuré).
Mais, je me
rends compte que les gens qui m’entourent, même s’ils s’abstiennent de me juger,
ne comprennent pas.
« Tu
as mal au dos ? Ouah, je comprends, ça ne doit pas être facile. Et si tu
perdais un peu de poids ? Tu pourrais faire un peu attention. »
Un peu
attention…
La bonne
blague.
Aujourd’hui,
j’ai mangé deux boules de glace. La première crasse que je me permets depuis
une semaine. J’ai bu un soda. Parce que c’est si agréable après manger de boire
un bon soda bien frais et pétillant. Et puis, j’ai pris un soda light, pour que
ce ne soit pas trop grave.
Ne pas
manger une crasse, ce n’est pas juste s’empêcher de la manger durant dix
minutes, puis ça passe. C’est penser à cette foutue crasse pendant des heures
et des heures. Des jours et des jours. Parfois des semaines et des semaines. Et
il n’y a pas un patch de cake au chocolat à se coller sur le bras pour oublier
son envie et passer à autre chose…
Perdre du
poids, c’est faire un régime. C’est changer ma façon de manger. Pas pour
quelques jours. Non, non. Jusqu’à la fin de mes jours… Et je ne suis pas prête
à ça.
Ce serait
remettre en question tout ce qui est mon fondement.
C’est fou
de se dire ça, n’est-ce pas ?
On est
censé manger pour vivre pas vivre pour manger.
Et je sais
que je dois changer ma façon de voir les choses et d’envisager ma relation à la
nourriture. Mais, cela fait 25 ans que toutes ces habitudes sont ancrées en
moi. Depuis ma plus tendre enfance. Quand je vais mal, je mange. Quand j’ai
peur, je mange. Quand je stresse, je mange. Quand je suis triste, je mange. Quand
je suis trop heureuse, je mange. Je suis incapable de gérer des émotions fortes
sans manger.
Ma drogue à
moi, c’est la bouffe. La mal-bouffe.
A cause de
mon éducation. A cause de mon incapacité à m’empêcher de manger. A cause de
cette image distordue que nous donnent les médias et surtout les publicités que
nous subissons chaque jour et qui nous fait croire que pour être heureux, il
faut manger. Et manger des bonnes choses. Avec du sucre. De la graisse. Du
chocolat.
Je ne nie
pas ma responsabilité dans mon surpoids. Après tout, ce n’est pas la télé qui
met la nourriture dans ma bouche. C’est moi qui l’achète et qui la mange. Je le
fais consciemment. Délibérément. Comme le fumeur qui veut arrêter de fumer
achète quand même un paquet de cigarette. En culpabilisant, mais en sachant
aussi qu’il en a besoin.
Cette
chronique, dont le début est un peu chaotique, a pour but de vous faire
partager mon quotidien de jeune fille obèse (très obèse) dans une société où l’obésité
est de plus en plus stigmatisée. C’est aussi parce que j’ai pris la ferme
décision de me prendre en main et de changer ma relation avec la nourriture.
Un petit
pas pour l’humanité, certes mais un grand défi pour moi !